son histoire

LA FORET DES COLETTES AU COURS DES AGES

(Elle s’appellera  successivement Forêt des collaictes,

 puis des coulettes et enfin des Colettes)

 

A travers l’histoire, les plantes ont évolué et ont développé  très souvent la forme arborescente.

 

Un petit retour en arrière s’impose !

 

 Le premier « arbre » apparaît au «  dévonien », étage géologique qui va de 420 à 350 millions d’années. Ce « progymnosperme » (plante fossile à ovules nus) appelé Archaeopteris a un tronc épais, son bois est semblable à celui des conifères. Il peut s’élever à 50 m et se reproduit à l’aide de spores comme les fougères.

 

Au Carbonifère (303 à 358 millions d’années) Les Lycopsides, plantes du genre borraginées (bourrache !), réinventent la croissance secondaire du feuillage. Elles peuvent pousser jusqu’à 50 m. Ces arbres avec une ramification prédéterminée, croissent très rapidement mais meurent après avoir « sporulé ». Ce sont les  restes de ces  forêts anciennes qui seront transformés en charbon. La famille des lycopsides a survécu jusqu’à nos jours sous des formes herbacées.

 

Du Jurassique ( 205 à 135 millions d’années) avec les dinosaures, nous sont parvenus 2 ancêtres : le pin Wollemi , espèce de conifère de plus de 150 millions d’années dont subsiste une quarantaine d’individus, et le célèbre Ginko biloba, gymnosperme, qui est tellement ancien qu’il précède l’évolution des graines : ses fruits sont des ovules nus.

 

A l’ère tertiaire, de 1.6 à 58 millions d’années se développe la forêt « décidue » ( à feuilles caduques) et l’expansion des forêts de conifères. Cette ère favorise aussi la pousse des fougères et palmiers.

 

Au quaternaire, il y a 2 millions d’années se produit un brutal refroidissement ; seuls les résineux et les bouleaux résistent.

 

Au Paléolithique la végétation est celle de la toundra, steppe froide, des périodes de glaciation. Elle est couverte de mousses et lichens. Les arbres, pins et bouleaux sont rabougris et peu nombreux.

 

Végétations et faunes vont beaucoup changer, selon les variations climatiques. Ce développement se fera dès le début de cette ére, et, jusqu’à nos jours, souvent en symbiose, avec des champignons. Leur mycellium est d’abord endomycorhizien, se fixant dans les racines, puis ectomycorhizien travaillant à l’extérieur de la racine. Ils accompagneront quelques 8000 espèces de plantes qui peuplent en majorité les forêts,  dont peupliers, chênes, pins, bouleaux, hêtres etc.

 

 

Ce rapide survol de ces  millions d’années nous rappelle la fragilité de la présence humaine sur terre. Si l’on ramène la durée de vie de la terre (de 4.5 milliards d’années à nos jours) avec les mêmes proportions, sur un cadran de 24 h00 (1 jour) l’humain n’apparaît qu’à 23h 59 !

C’est dans des milieux très différents selon les époques, que l’humain « paléolithique » vivra en groupes épars.

 

 

A la préhistoire, la forêt des Colettes devait exister sous une forme quasi identique à aujourd’hui, mais, sur une surface beaucoup plus vaste. Seules, répartition et distribution des essences devaient être différentes : certains arbres en place, plus  que d’autres, selon les variations climatiques.  Elle sert déjà d’abri aux populations humaines et animales, qui se la disputent souvent. L’humain utilise le bois comme matière première pour faire ses abris, pour se chauffer,  et fabriquer ses premiers instruments. Il se  nourrit des fruits et baies, de la chasse des animaux qui y vivent. Et cela jusque très tard dans l’histoire. Car de nos jours ces mêmes utilisations sont toujours d’actualité.

 

Entre  l’âge du bronze et du fer, la fabrication de bracelets en schiste est une activité importante à Montcombroux et Buxières les Mines.

Vers -700 ans des objets de fer apparaissent.

Vers -550 à -450 une culture locale s’installe avec réseaux  d’échanges commerciaux, organisation militaire, comme l’atteste la muraille vitrifiée de l’oppidum de Bègues…

A l’époque de la civilisation de la Tène, (d'un site archéologique suisse), - 400 à -60 ans, beaucoup de mouvements de populations se produisent. Une nouvelle vague d’envahisseurs arrivent en bourbonnais. Les Boïens sont sûrement les plus anciens habitants du bourbonnais, ils fondent la ville de Gorgobina dont l’implantation est aujourd’hui inconnue.

A l’époque gauloise sont bâtis les oppida de Cordes et Néris. Les troupes romaines partant à l’attaque de Gergovie franchissent l’Allier à hauteur de Neuvy.

En -52 av JC, Jules César bat Vercingétorix à Alésia.

S’en suivront trois siècles de Pax Romana. Dans la forêt des Colettes subsiste les vestiges d’une voie romaine. En Bourbonnais, trois puissants peuples occupent la région : au sud les Arvernes (ancêtres des auvergnats), à l’ouest les Bituriges (ancêtres de Berrichons) et à l’est les Eduens (de la gaule lyonnaise).

 

Notre Forêt des Colettes est donc habitée principalement par les Arvernes. En petits groupes qui se chamaillent allègrement.

 

Au Moyen-âge  la forêt fait partie du domaine des ducs de Bourbon, près de leur château de Chantelle. Les biens des Bourbons  sont confisqués par François 1er, la forêt des Collaictes devient  part du domaine royal. Cette forêt ainsi que le bois de Bouboing et la forêt de Boismal sont à travers les temps utilisés pour nourrir les troupeaux de porcs. Un traité de 1611 stipule qu’un troupeau de 450 porcs sera gardé ou à faire garder dans « les fouretz de Boumal, Transsion et Collaictes et autres bois déspendant ».

 

Mais la Forêt est surtout la première ressource des « uzagiers, masuriers desdictes fouretz ». Ce sont des ouvriers du bois : bûcherons, fendeurs, charbonniers, sabotiers et leurs familles qui habitent des abris de branches et de mottes de terre, des cabanes… Dans la forêt des Colettes, il en vit environ quatre cents en permanence.

 

Sous l’ancien régime, l’état avait le monopole, depuis 1340, de la gabelle, impôt indirect sur le sel. Dans Le Bourbonnais, région de grande gabelle, les habitants devaient acheter une quantité déterminée de sel «  le sel du devoir », à un prix imposé, et ce au « grenier  à sel ».

Par contre, l’Auvergne rédimée depuis 1453 est un pays « franc  salé » donc ne paie pas la gabelle. Par exemple : les habitants de Louroux, dépendant du grenier à sel  de  Gannat, paient l’impôt dans toute sa rigueur alors que les habitants d’Ebreuil, en Auvergne, étaient exempts de gabelle.

 

Par sa situation, la forêt des Colettes devient un repaire de faux sauniers, pratiquant le trafic du sel entre les 2 régions.

 

« Le plus grand faux saunage qui se fait en bourbonnais proviens des bois du roy des coulettes et Nades, a deux lieus et demy de Ganat, tirant du côté de Bellenaves et Montmarault. Lesquels bois contiennent 8à 9 lieues de circuit où se réfugient tous les faux sauniers soutenus par 6 à 700 ouvriers appelés fendeurs qui sont cabanés dans lesdits bois où ils ont plusieurs cabarets, font une espèce de république….et sont tous armés de fusils » (Extraits  d’un mémoire de l’intendant de Moulins, Gilles de Maupeou envoyé au roi). En 1704 le sel, acheté cinq sols le sac, est revendu 20 sols. Un voyage peut rapporter 100 livres au convoyeur. Le roi autorisa l’intendant de Moulins à prendre une ordonnance interdisant à quiconque de « s’établir et avoir des loges dans les bois des Coulettes, Naddes, Boismal sans en avoir de nous pris permission par écrit, à peine d’être réputé vagabonds et comme tels condamnez aux gallères perpétuelles et attachez à la chaîne sans procédure ». Ceci va perdurer jusqu’ à la Révolution qui abolira cet impôt par le décret du 1er décembre 1790.

 

La forêt sert aussi de refuge aux déserteurs, vagabonds, voleurs, détrousseurs.

 

En 1879 la forêt est sévèrement touchée par une tempête.

 

Administrée par « les Eaux et Forêts » royales, puis alternativement impériales, républicaines, royales et enfin républicaines la forêt fait l’objet de droit de chasse coutumier, puis réservé aux nobles et bourgeois. Elle est de toute façon constamment braconnée et pillée à travers les âges. Par une succession de décisions, décrets, portant sur la régie des « Eaux et Forêts », sa gestion est surtout orientée vers l’exploitation du bois dans toute sa diversité : bois de chauffage, bois d’œuvre etc.

 

Depuis le moyen âge une centaine d’ordonnances, décrets, arrêtés ont été prononcés pour la forêt, soulignant son importance économique. Le « grand » Colbert, en particulier, organise en 1670 le reboisement et la gestion de beaucoup de forêts en France (en particulier celle de Tronçais). Notamment pour alimenter la construction navale. Il faut à peu près 3000 arbres pour faire un bateau !

 

Ce n’est que tardivement, de nos jours, que la dite gestion est annoncée comme étant faite de façon « raisonnable ». Les notions de « protection et préservation » de la forêt étant d’actualité.

 

A la fin du 19ème et au cours du 20 ème siècle l’exploitation du Kaolin (matière première pour l’industrie de la porcelaine) fait subir quelques outrages à la forêt. Des traces sont encore visibles : bassins de décantation, petits cratères d’exploration géologique, ruines de bâtiments divers. A Echassières restent les vestiges d’une installation de séchage de kaolin.

La découverte du minerai de tungstène (wolfram) dans le massif, occasionne une exploitation minière très importante, surtout en périphérie du massif.

Enfin quelques traces de l’activité des charbonniers (fabricants du charbon de bois) subsistent ça et là dans la forêt.

 

Propriété « privée » de l’Etat, sa gestion est assurée par l’Office National des Forêts  créée en 1966 qui remplace «  l’administration des Eaux et Forêts » créée, elle, en 1291 par Philippe le bel, et qui n’avait guère évoluée depuis.

L’ONF est un EPIC (Etablissement Public Industriel et Commercial)

 

Les derniers dégâts importants subit par la forêt datent de 1999 lors de la fameuse tempête.

 

 

Cette vénérable forêt mérite le respect. Elle mérite aussi par sa diversité et sa beauté la protection à laquelle elle a droit. La visiter c’est lui rendre hommage.

Nous en avons hérité en bon état, transmettons la encore plus belle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Texte de DVD revu et  corrigé par : Annie, Joëlle et Chantal )