Comité de pilotage 2013

Compte rendu de la réunion du comité de pilotage du site Natura 2000 des Colettes  du 24 mai 2013 à Echassières

 

Cette réunion de concertation avait pour but l’approbation du document d’objectifs (DOCOB) de la forêt des Colettes pour la période 2013-2019.

La 1ère partie était la présentation du DOCOB par Mr Maurin : seule cette partie sera résumée ici.

La 2ème partie, présentée par le responsable environnement de la Direction Départementale des Territoires (DDT), était essentiellement composée de textes généraux, législatifs et réglementaires, traitant de l’incidence des diverses activités humaines sur les sites Natura 2000. Cette partie fera éventuellement l’objet d’une diffusion ultérieure.

Etaient notamment représentés à cette réunion :

 La mairie d’Echassières, la mairie de Lalizolle,  la communauté de communes,  les sociétés de pêche et de chasse,  l’association des Amis de la forêt des Colettes,  l’association  des propriétaires privés, l’ONF (représentants locaux et agence Berry Bourbonnais),  la DDT,  la DREAL (Direction Régionale Environnement Aménagement Logement).     La réunion était pilotée par Mr le secrétaire de la sous préfecture de Montluçon (remplaçant Mr le sous préfet) et animée en 1ère partie par Mr Dominique  Maurin (bureau d’études de l’ONF en Auvergne Limousin)

1ère partie : Mr Maurin présente dans les détails les différents milieux ou espèces, déterminants pour le site des Colettes. Il rappelle que cette forêt se trouve être un des 3 sites majeurs pour la hêtraie en France.

« La hêtraie acidiphile à houx » représente la plus grande surface dans le site (617 ha). Mr Maurin explique que la pérennité de ce milieu  est confirmée par la mise en œuvre de la régénération naturelle : les arbres géniteurs coupés laissent place à une strate arborée, et dès lors qu’on y préservera des hêtres et suffisamment de houx, l’état de l’habitat « hêtraie à houx » ne sera pas modifié.

Dans la hêtraie on trouve une Bryophyte assez rare (espèce de mousse) : le Dicrane vert, qui pousse à la base des troncs de certains hêtres.  Pour le moment, une station a été retenue, avec plusieurs arbres porteurs. Le Dicrane vert a été repéré ailleurs, mais plutôt que d’inclure ces nouvelles petites zones dans le site Natura 2000, Mr Maurin propose auparavant qu’un inventaire plus complet et précis de cette espèce soit réalisé. Le Dicrane vert est la marque de l’ancienneté  de la forêt (origine Moyen âge).

On trouve aussi La Rosalie alpine, très beau coléoptère. Elle est un élément prioritaire du site, car sa présence signale une très grande biodiversité : existe à sa suite tout un cortège d’autres espèces qui lui sont inféodées. Pour que ses larves puissent se développer, la Rosalie doit disposer de bois mort de hêtre, exposé au soleil.  Le développement complet des larves dure de 2 à 4 ans.  Les jeunes insectes émergent entre juillet et début septembre (surtout mi- août), souvent nombreux dans un proche voisinage, et leur durée de vie est de quelques semaines.

Autre habitat retenu par Natura 2000, sur les terrains moins acides  et de façon beaucoup plus limitée et fragmentée : « la hêtraie neutrophile »  (53 ha), qu’on nomme aussi  « hêtraie à aspérule odorante ».

Le long des petits cours d’eau de la forêt, mais de façon discontinue,  on trouve 2 habitats d’importance prioritaire : « l’aulnaie-frênaie à laîche » et « l’aulnaie à hautes herbes ». Ce milieu de faible surface peuplé d’aulnes ou de frênes, qu’on nomme  « forêt de bords de cours d’eau », est un grand indicateur de la qualité de l’eau.

 

Concernant la partie forestière du site, la question a été posée des incidences de l’exploitation de la forêt sur le maintien à long terme des habitats naturels ou des espèces remarquables. Mr Maurin, ainsi que le responsable environnement de la DDT, rappellent que les interventions programmées dans le nouveau plan de gestion forestière doivent être en synergie avec les préconisations du DOCOB Natura 2000, sans quoi ce dernier ne peut être validé. Rappelons que le nouveau document de gestion forestière est quant à lui pratiquement validé, avec un peu d’avance sur le DOCOB Natura 2000.

Voici donc les éléments en faveur de la biodiversité que souhaite préserver Natura 2000, prévus dans le document de gestion forestière, et  indiqués  soit par Mr Maurin, Mme Deschamps, ou le représentant ONF de l’agence Berry Bourbonnais :

-Ilots de sénescence :  ils sont déjà prévus dans le nouveau plan forestier -14 ha – ces préconisations émanent du ministère de l’écologie (non directement lié à Natura 2000). A priori le document Natura 2000 devrait s’en contenter. Ces îlots, où plus aucune exploitation forestière n’est prévue, englobent entre autre les chaos rocheux riche en houx de la « hêtraie acidiphile à houx ».

-la Rosalie des Alpes: il est prévu de laisser en place plusieurs années des tas de bois de hêtre, ainsi que d’abandonner des souches en forêt. Ceci est en partie déjà réalisé et des étiquettes explicatives sont placées sur les tas de bois mort. Mme Deschamps ajoute que les tas de grumes seront dorénavant enlevés par les acheteurs au maximum fin juin (les pontes de Rosalie pouvant avoir lieu à partir de juillet, avec un pic en août).

-le Dicrane vert: pour maintenir l’ambiance forestière nécessaire à la survie de cette mousse, la parcelle forestière  dans laquelle sont répertoriés les hêtres porteurs, va être conduite en futaie irrégulière.

-la forêt de bords de cours d’eau : il est prévu dans le nouveau plan forestier de ne pas exploiter ces zones sur quelques dizaines de mètres (variable selon la topographie) de chaque côté des ruisseaux. Ces bords de cours d’eau sont à ajouter aux îlots de sénescence en tant que zones non exploitées.

 

Intéressons nous maintenant à l’ancienne carrière de kaolins, milieu ouvert, à la différence des habitats forestiers. On a  ici deux habitats d’intérêt communautaire :

-« la lande sèche à Callune » : dans cet habitat de végétation pionnière, outre la Callune*,  on trouve plusieurs espèces intéressantes. L’une d’elles est d’intérêt patrimonial : le Lycopode en massue (famille des Fougères). Des actions d’arrachage de jeunes pins et  bouleaux ont été réalisées en 2010 pour conserver l’état de la lande à Callune (un nouveau petit nettoyage est prévu cette année).

(*Calluna vulgaria, du genre Calluna, est de la même famille que les bruyères « vraies » du genre Erica, mais malgré son appellation courante de « Bruyère commune », ce n’est pas une bruyère « vraie ». La Callune a d’autres noms, « Fausse- bruyère », « Brande », et ce sont ses sépales qui sont colorés, à la différence des bruyères Erica qui ont une corolle rose en forme de clochette, comme Erica cinerea, la « bruyère cendrée », assez fréquente en Auvergne dans les mêmes milieux).

-« les gazons amphibies à Littorelles » : ils sont situés sur la zone de marnage d’une mare peu profonde (zone inondée en hiver  et qui se découvre peu à peu) et constitués d’une abondance de Littorelle uniflore.  Cet habitat assez rare étant fragile, il est prévu de mettre cette zone en défens pour éviter les piétinements. En frange de ces végétations amphibies, se développe la Drosera à feuilles rondes, d’intérêt patrimonial.

Le site est remarquable par sa richesse en Odonates (libellules) et  Amphibiens. Parmi ces derniers, on trouve 2 espèces d’intérêt communautaire : le Crapaud sonneur à ventre jaune, et le Triton marbré. Le Triton crêté, d’intérêt communautaire, a été observé sur le site, mais sa présence actuelle doit être confirmée. Les batraciens, après avoir passé quelque temps en milieu aquatique où ils se reproduisent, migrent généralement jusqu’à la forêt proche (lieu d’estive et d’hibernation) : il est important de préserver les circuits empruntés, entre les carrières des Colettes (ou les mares des pâturages environnants), les ruisselets, les ruisseaux, et la forêt.

Ce qui pose problème dans l’ancienne carrière, c’est la fréquentation importante à la belle saison. Les motos ou VTT  sont interdits d’accès ; malheureusement il est difficile de rendre le lieu complètement inaccessible aux 2 roues (possibilité de prolonger  la barrière actuelle à étudier). Il est prévu d’installer un  panneau d’informations supplémentaire, indiquant dès l’entrée que ce site naturel est protégé et uniquement piétonnier.

Pour l’ensemble du site, le DOCOB a établi 3 niveaux de responsabilités (habitats, ou espèces animales ou végétales, tous d’intérêt communautaire) :

-très forte responsabilité : les gazons amphibies  à Littorelles, la forêt de bords de cours d’eau,  la Rosalie alpine.

-responsabilité forte : la hêtraie acidiphile à houx, la lande sèche à Callune, le Dicrane vert.

- responsabilité à déterminer : le Triton crêté, le Crapaud sonneur à ventre jaune, le Lucane cerf volant.

 

CONCLUSION :

Le document d’objectifs Natura 2000 doit tenir compte du fait que la forêt des Colettes est une forêt de production (d’où nécessité de la renouveler), qu’elle a un rôle social (fréquentée par le public, voire excessivement dans l’ancienne carrière).

 Les objectifs sont les suivants :

Maintenir les habitats naturels, et suivre leur évolution.

Préserver les espèces  d’intérêt communautaire, mais aussi celles d’intérêt patrimonial (régional, national) ou rares.

Evaluer les espèces d’intérêt communautaire (en particulier : inventaire précis du Dicrane vert dans la forêt, suivi des populations d’amphibiens).

Informer et mobiliser le public.